Commission
Balladur. « Chargée de la
réforme des institutions, cette commission apparaît comme un espoir pour
les régions de l'Ouest. Tout le monde souligne que le fonctionnement
actuel de la France est trop complexe et qu'il génère de multiples
doublons. Le gouvernement s'attaque donc, avec raison, à un sujet
essentiel, puisque des études démontrent qu'une gouvernance efficace
joue le rôle d'un levier pour la prospérité économique des territoires.
La question
intervient au moment où nos sociétés sont frappées par une crise
majeure. Le temps presse. La réforme actuelle peut apporter un nouveau
souffle donnant de l'espoir aux gens en montrant les efforts de l'État
pour se caler sur les réalités vécues par les citoyens. Dans l'Ouest de
la France, un projet utile à tous et permettant de passer de six à
quatre régions
est, depuis
plusieurs années, proposé par les universitaires et reçoit l'appui des
populations (71 % des Normands sont pour la fusion des deux régions). »
.Quatre
régions. « Si le problème de la Bretagne administrée est majeur,
d'autres dysfonctionnements naissent d'une Normandie divisée, d'une
région Pays de la Loire très artificielle, peu reconnue par les
populations et correspondant peu aux mobilités ou à la réalité des
échanges économiques (les habitants du Mans sont plus tournés vers Paris
que vers Nantes).
Le nouveau projet
permet de passer de six régions faibles à quatre régions fortes. À
l'échelle de l'Europe, la solution crée quatre ré-
gions
démographiques et économiques comparables qui se rapprochent des grandes
régions européennes.
Ce nouveau
projet pour l'Ouest de la France crée quatre régions lisibles
(l'appellation Val de Loire est reconnue patrimoine mondial de
l'humanité par l'Unesco). Ces identités claires sont utiles pour la
promotion économique et touristique des territoires (Normandie ou
Bretagne bénéficient d'une notoriété internationale). À l'échelle de la
France, la création de quatre régions fortes est un atout pour dynamiser
la façade atlantique et rééquilibrer le territoire français. En effet,
cette façade atlantique est pour l'heure inorganisée, avec des régions
trop faibles, incapable de dynamiser une Péninsule.»
Identités.
« Le renforcement économique de cette pointe (notamment l'affirmation
de son rôle maritime) créera un contrepoids à la dorsale européenne et
recentrera ainsi la France dans l'Europe. À l'échelle des Régions, les
avantages
sont aussi
conséquents. Outre la limitation des doublons et des coûts de
fonctionnement (deux régions pour la Normandie), on crée des échelles
administratives en correspondance avec les territoires vécus par les
populations.
Par exemple,
il existe une identité propre aux habitants de Saumur, Orléans, Tours,
Angers... avec une image commune autour de la Loire, des vignobles, des
Châteaux, une forme de douceur et de qualité de vie... Dans les
sondages, environ 70 % des habitants de Loire-Atlantique se sentent
aussi Bretons et plus personne ne conteste la réalité d'un sentiment
culturel breton en
Loire-Atlantique.
»
Rivalités.
« •Enfin, cette affirmation des régions peut permettre aux villesd'être
moins concurrentes que complémentaires. Au-delà de rivalités existant
entre -Rouen et Caen ou entre Nantes et Rennes, cette réforme peut être
l'occasion (à la lumière de ce qui existe aux Pays-Bas ou en Suisse) de
limiter le rôle parfois trop exclusif des « capitales » et de renforcer
les partenariats urbains dans l'ouest de la France. A une époque où
il va falloir se serrer les coudes, avancer ensemble avec des
appellations claires est un levier pour lancer la France sur la voie
d'une réelle régionalisation. »
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